« Tire la chevillette, la bobinette cherra » est la formule emblématique du conte de Charles Perrault, Le Petit Chaperon rouge, paru dans Les Contes de ma mère l'Oye en 1697.
La formule est prononcée à deux reprises :
Une première fois par la grand-mère au Loup alors qu’elle pense s’adresser à sa petite-fille :
« La bonne Mère-grand, qui était dans son lit à cause qu’elle se trouvait un peu mal, lui cria : Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Loup tira la chevillette et la porte s’ouvrit. »
Une seconde fois par le loup, reprenant l'expression de la grand-mère et imitant sa voix, à l’attention du Petit Chaperon rouge : « Le Loup lui cria en adoucissant un peu sa voix : Tire la chevillette, la bobinette cherra. Le Petit Chaperon rouge tira la chevillette, et la porte s’ouvrit. »
Il ne s’agit pas d’une formule magique à proprement parler, puisqu’elle n’entraîne l’accomplissement d’aucun prodige, mais d’une sorte de « sésame » permettant de pénétrer dans l’antre de la grand-mère, où vont se jouer les évènements dramatiques. Le côté ésotérique et l’effet de répétition ajoutent au caractère enchanté de la formule de Perrault.
Dans leur version du conte, les frères Grimm n'emploient pas la célèbre formule. La grand'mère se contente de dire : « Appuie sur la clenche », utilisant un registre de langue provincial et campagnard. Le loup, quant à lui, ne répète pas cette phrase en contrefaisant sa voix, il laisse simplement la porte ouverte, permettant ainsi au Petit Chaperon rouge d'entrer sans frapper.
Chevillette et bobinette sont deux pièces de bois qui faisaient partie des serrures d'autrefois.
La « chevillette » est une petite cheville de porte qui peut être bloquée de l'intérieur, si bien qu'un visiteur ne pourra pas la retirer et ouvrir la porte.
La « bobinette » est une pièce de bois mobile, maintenue contre le battant d'une porte par une cheville, et qui tombe quand on enlève celle-ci pour ouvrir la porte.
« Cherra » est la troisième personne du singulier du futur de l'indicatif du verbe « choir » : « elle cherra » signifie donc « elle tombera ».
La formule veut donc dire, en utilisant des accessoires actuels : « tourne la poignée, la porte s'ouvrira ». En remplaçant cette dernière formule anodine par une formule équivalente, mais plus poétique, plus absconse et plus énigmatique, voire cryptique, la tradition lui a donné un certain caractère magique.
Réalisation : Une chevillette est donc une petite pièce de bois ronde (comme un clou) tenue par une ficelle. Cette chevillette tenait un plus gros morceau de bois (quelle forme, on ne sait pas vraiment) qui servait comme un loquet. La chevillette est à l'extérieur de la porte, ça c'est sûr ! Mais la bobinette, on ne sait pas si elle est à l'intérieur ou à l'extérieur ! Ce qui est sûr, c'est qu'il faut :
- un grand pan de bois pour faire la porte (pas la peine de faire la porte entière !).
- un plus petit morceau de bois rectangulaire pour faire la bobinette.
- une petite cheville de bois ronde tenue par une ficelle, elle-même accrochée sur la porte avec un anneau.
Exemples très différents de ce que peut être une bobinette et une chevillette